Et si notre travail avait un impact positif sur le monde ?
C'est la question que j’ai choisi de soulever lorsque j’ai été interviewée au mois de décembre dernier par Fabienne Ramond sur les ondes de RCF Jerico Moselle.
Fabienne y anime une chronique bénévole intitulée « Commune planète », axée sur l’écologie.
Elle m’a proposé d’y contribuer en me laissant libre choix du thème.
Parler de travail dans un podcast sur l'écologie, mariage surprenant pour certain·e·s ?
C’est justement pour ces personnes que j’ai choisi de développer un lien qui me paraît, à moi, évident. 😀
En effet, on passe 80 000 heures de notre vie à travailler. Ce que nous y faisons a donc logiquement un impact sur le monde, dans un sens ou dans l’autre.
Sans plus attendre, je vous joins ici l’enregistrement de ces 12 minutes d’émission radio, diffusée le 24 février 2024.
On croirait pas comme ça, mais 12 minutes c'est suuuuper court !
Moi qui avais préparé 4 pages de texte en police 8, vous vous doutez que j'ai pas pu tout dire !
Alors, je reprends dans cet article mes propos évoqués à l'antenne, que je développe un peu (beaucoup) plus. 😆
Ecoutez ci-dessous le replay de l'émission "Et si notre travail avait un impact positif sur le monde", diffusée sur RCF Jerico Moselle le 24 février 2024 :
Qui suis-je ?
Passionnée par les enjeux écologiques
Je suis passionnée par les enjeux écologiques depuis quelques années (seulement).
On pourrait croire que les « écolos » c’est forcément des personnes qui sont tombées dans la marmite quand elles étaient petites, qui ont toujours aimé être dehors, qui connaissent bien les arbres, les plantes, dont les parents éventuellement sont écolos également...
Eh bien pas du tout ! Moi, il y a encore 6 ou 7 ans en arrière, "l’écologie" c’était très flou pour moi, et dans mon quotidien ça se limitait à trier mes déchets. Point.
Engagement perso > bénévole > professionnel
Et aujourd’hui je suis pleinement impliquée : d'abord engagée dans une transition écologique à titre personnel, j'ai intensifié mon engagement en devenant bénévole pour l’association Metz en Transition, et plus récemment j’ai fait un choix, que certain·e·s diraient courageux. Moi, je dis plutôt qu’il était nécessaire. Ce choix c’est celui de "tout plaquer" comme on dit, de quitter mon CDI confortable, et de me lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat, pour faire de la sensibilisation à l’écologie.
[A noter : Mon activité professionnelle n’était pas encore officiellement lancée au moment de l'enregistrement de l'émission. Depuis le 1er mars 2024 c'est le cas ! 😀 ]
Pourtant j’étais bien dans mon entreprise
Je voudrais simplement préciser que si j’ai quitté mon job, ce n’est pas parce que je voulais absolument partir de mon entreprise (contrairement à d'autres personnes qui font ce choix, par exemple parce que leur employeur fait partie des grosses entreprises qui abiment le plus la planète).
Moi je m'y sentais encore bien, mes missions m'intéressaient, j'avais une équipe et des collègues formidables. Mais j’ai choisi de quitter mon entreprise, parce que j’avais changé.
Mon engagement écologique, mes prises de conscience successives ont fait que j’ai souhaité m’engager davantage. Le bénévolat soir et WE ça ne suffisait plus à assouvir mon besoin d'engagement.
J’avais besoin de passer la grande majorité de mon temps à œuvrer pour la transition écologique, pour une bifurcation écologique, pour le Vivant, pour retrouver la joie en moi, pour servir d’exemple pourquoi pas à d’autres qui hésitent à sauter le pas.
En quoi consiste mon activité professionnelle ?
Faciliter la transition écologique, en axant sur les émotions, sur l’humain
Accompagner à passer à l’action, pas à pas, dans la joie
Je veux accompagner les personnes à retrouver la joie profonde, la joie véritable, en les aidant à passer à l’action et à devenir acteurs et actrices de la transition écologique.
Moi j’ai l’image d’une maison en feu. Et si on ne sait pas que la maison brûle, on peut finalement être tranquillement dans le salon, à se dire "tiens on pourrait repeindre les murs, tu préfères cette couleur ou cette couleur ?" Mais si on sait que ça brûle, alors on va attraper un extincteur et agir, ou appeler les pompiers.
C’est la première étape, la sensibilisation.
Et là, comme notre maison - la Terre - est tellement grande, on a du mal à se rendre compte que ça brûle vraiment vraiment. Ou alors on se dit qu’on est tout petit face à ça, et que nos quelques gouttes d’eau, à l’image du colibri, ça ne changera rien. Eh bien mon message à moi c’est de dire que si.
Parce qu’en fait la Terre, c’est 8 milliards de personnes. Si chacune se dit ça ne changera rien, on ne change rien. Et si chacune se dit qu’on peut changer, alors ça change.
Emotions
Et surtout j’ai remarqué qu’on éprouvait tous·tes des émotions face à la catastrophe environnementale.
On parle beaucoup d’écoanxiété. Mais aussi d’écoémotions : que ce soit de la peine face aux espèces qui disparaissent, de la colère face à ceux qui n’ont pas agi avant nous, de la culpabilité, de la peur de l’avenir etc etc
Donc je veux accompagner toutes ces personnes à mieux vivre ces émotions, déjà à les accepter car elles veulent dire quelque chose, et à les transformer en moteur pour passer à l’action.
Entreprises et particuliers
Parce que l'action des individus est indispensable, et insuffisante à elle seule, j'ai choisi de m'adresser également aux organisations.
Que ce soit les entreprises, les collectivités, les associations... on a besoin de tout le monde pour agir et réussir à inverser la tendance.
Par ailleurs, ces structures ont énormément d'intérêts à embarquer leurs collaborateurices dans la transition.
Les entreprises notamment vont devoir muter leurs activités, pour s'adapter à la raréfaction des ressources, et à un réchauffement climatique avec toutes les conséquences que ça entraîne.
Celles qui réussiront à se maintenir à flot sont celles dont l'ensemble des équipes ont compris les enjeux et se sont mobilisées.
Pourquoi ce thème du travail ?
Travail et écologie, on pourrait penser à première vue que ça n’a pas de lien, et pourtant si.
Moi je suis persuadée que c’est un levier énorme à activer, pour booster sa transition écologique et pour rendre son impact sur le monde plus positif.
On a tendance à ne voir l’écologie que par le petit bout de la lorgnette, qui est la sphère perso, c'est-à-dire acheter en vrac, trier ses déchets, moins utiliser de plastique, acheter local etc et ça c’est super bien !
Il faut continuer à le faire.
Mais aujourd’hui ça ne suffit plus, il faut aller plus loin.
Et donc moi je vois 2 leviers majeurs pour cela, c’est l’épargne et le travail.
L’épargne (en une phrase car ce n’est pas le sujet) : il faut juste savoir que lorsqu’on possède 4000 € sur un compte bancaire dans l'une des 3 plus grandes banques françaises, eh bien cela équivaut à 2 tonnes d’émissions de CO².
Quand on sait que l’empreinte carbone moyenne d’un français est de 10 Tonnes de CO² par an, et qu’on devrait être à 2 Tonnes seulement, vous imaginez le poids de l’épargne.
[voir mon article sur le sujet]
Et l’autre levier, c’est le travail.
Comme je l'ai dit en introduction, on passe en moyenne 80 000 heures a travailler dans notre vie. C’est colossal.
Alors si on arrivait à mettre tout ce temps-là au service du bien commun, ça ferait une énorme différence !
Pour illustrer cela, je vous partage un extrait du livre de Matthieu Dardaillon :
Une responsabilité à agir
Il faut savoir que ce sont les pays dits "développés" qui ont la plus forte empreinte sur le monde.
En France, l'empreinte carbone moyenne est de 10 Tonnes par personne, alors qu'au niveau mondial la moyenne est de 6,6 Tonnes avec de fortes disparités (moins de 2 Tonnes dans certains pays d'Afrique).
Par ailleurs, on a à ce jour un certain niveau de service public, quoi qu'on en dise, qui est beaucoup plus élevé que dans d'autres pays.
Dans certains pays, les populations sont littéralement obligées, pour survivre, d'accepter des boulots qui sont mal payés, dans des conditions déplorables, voire même dangereuses (travail dans les mines, ou dans des usines insalubres...).
Donc mon sentiment est que dans nos pays, étant donné que nous avons un impact sur les habitants de ces pays-là, et compte-tenu des aides et du soutien dont on peut bénéficier, j'estime qu'on a une responsabilité à agir.
En France, (sauf des cas spécifiques de parcours de vie difficile, bien sûr) on peut choisir de s’engager sans avoir peur de finir à la rue.
Alors pour moi on a une responsabilité vis-à-vis de cela.
Notre mode de vie occidental impacte la vie de milliards de personnes à l’autre bout du monde, en Asie où des couturières fabriquent nos vêtements de fast fashion dans des usines vétustes, en Afrique où certains pays reçoivent nos ordures, ce qui pollue leurs rivières et leurs terres, etc
Eux n’ont pas le choix, ils doivent grapiller des miettes pour manger.
Nous on a le choix, et ce choix il faut qu’on le fasse.
Il faut qu'on choisisse le Vivant. Dans chaque décision qu'on prend, il faut qu'on choisisse celle qui cause le moins de tort au reste du Vivant.
Reprenons le pouvoir
Mon propos n’est pas de culpabiliser.
Au contraire, il est de dire reprenons le pouvoir, notre pouvoir !
Qu’est-ce qu’on a envie de faire ? Un métier alimentaire, un « bullshit job » ? Où dès le lundi matin on attend le vendredi soir avec impatience ? Où dès le retour des vacances, on prend déjà les billets pour s’envoler à l’autre bout du monde dans quelques mois car on a besoin de s’échapper de notre quotidien ?
Ou un métier qui nous donne envie de nous lever le matin ? Un métier où on sait qu’on va aider des gens ? Un métier avec lequel on prend soin de l’environnement, des gens, de notre planète ?
Un métier où on se sent utile ? Un métier passion, un métier dont on rêve, peut-être dont on rêvait enfant ? Pourquoi on l’a oublié ?
Là je parle du lien Ecologie-Travail mais plus largement, c’est le sens au travail qu’il faut questionner.
Le sens du travail.
Il y a de + en + de personnes qui sont investies dans leur vie perso, qui réduisent les déchets, essaient de se déplacer à vélo, de réduire la viande, et qui en parallèle continuent de faire un travail destructeur du vivant.
Exemple : Prenons l'exemple d'une personne qui travaille dans le marketing d’une boite de fast fashion. Elle n'a peut-être pas la sensation de détruire le vivant ? C’est vrai, après tout, elle n'est pas en train d’aller littéralement zigouiller des singes en Amazonie, ni des ours polaires. Mais elle aide une entreprise qui a un impact écologique désastreux, à vendre encore plus et donc a détruire encore plus.
J’invite chacun·e à se poser la question de l’impact de son travail.
Alors comment on fait pour mettre son travail au service de l’écologie / du vivant ?
Plusieurs options et même si on est dans un job alimentaire
Il y a plusieurs options, selon où on en est de sa situation pro, de son engagement écologique, de ses souhaits propres et ses capacités :
- On peut choisir de changer de boîte,
- De changer de job dans sa boîte,
- De garder son job mais de le « verdir », il y a de grosses marges de manœuvre, par exemple aux achats, dans la com, à la production, ...,
- De devenir « ambassadeur·ice » de la transition dans son entreprise,
- Ou on peut aller encore plus loin, comme je l’ai fait, et tout plaquer pour faire un métier passion.
Et si on sait pas du tout par où commencer, on peut aussi commencer par du bénévolat, pour mettre un pied dans ce milieu, et ensuite voir comment on peut adapter son activité professionnelle.
Je ne dis pas que tout le monde doit faire comme moi.
Je dis juste "questionnez-vous", est-ce que votre métier vous rend heureux ou pas, et est-ce qu’il détruit ou est-ce qu’il aide la planète ?
S’il vous rend heureux et qu’il aide la planète, gardez-le. Sinon, demandez vous ce que vous pouvez changer.
Rappelez-vous, on passe 80 000 heures de notre vie au travail. Ouiiii j'insiste 😆 , mais c’est colossal comme volume, non ?
Imaginez si toutes ces heures on décidait de les mettre au service du vivant ?
Si tous et toutes ensemble, on se relevait les manches, on s’armait de courage, et on quittait nos jobs pour celles et ceux qui travaillent chez toutes ces entreprises qui abiment le monde sans scrupule.
Ne sous estimons pas notre propre pouvoir !
Aujourd'hui je m'y mets ?
Se questionner en douceur
J’invite chaque personne qui est arrivée ici à se poser, à prendre peut-être 15 minutes pour se questionner sur le sens de son travail. A la fois est-ce que mon travail a du sens pour moi ? Et est-ce qu’il détruit ou est-ce qu’il protège la planète ?
Et, encore une fois, je suis bien consciente qu’il y a des personnes dont le parcours fait que c’est + compliqué de changer de travail. Toutefois je suis convaincue qu’on a tous·tes des talents et des compétences uniques à apporter au monde. Donc offrez-vous ce temps, comme un cadeau, de vous questionner sur vos envies et vos valeurs.
Bilan de compétences/Accompagnements
Et si la réponse à l’une des 2 questions posées ci-dessus est "non", alors se poser la question sincèrement de ce qu’il ou elle peut changer. Il existe maintenant plein d’organismes, plein d’acteurs qui peuvent nous aider à cheminer. Il y a des bilans de compétences, je vous conseille bien sûr de choisir un organisme engagé sur ces questions, tel que Mon Job de Sens ou Ticket for Change.
« Là où vos talents et les besoins du monde se rencontrent, là se trouve votre vocation », Aristote
Ressources
Allez, quelques ressources en bonus pour finir ce looooong article 😀 :
Je conseille de lire le livre du fondateur de Ticket for Change, Matthieu Dardaillon, "Activez vos talents, ils peuvent changer le monde !". Il a marqué un vrai tournant dans ma vie, c’est un guide, fait d’exercices et de conseils. Qui part du principe, et je suis tout à fait d’accord, qu’on a tous et toutes des talents uniques. Et si on les utilise, et qu’on les met au service de la vie, alors on accomplit des merveilles.
Je conseille aussi le livre de Julien Vidal, "Mon métier aura du sens".
Et plus globalement tous ses podcasts des 2030 Glorieuses, où il présente des métiers qui émergent.
Je conseille aussi le podcast Soif de Sens de Pierre Chevelle, qui interviewe des personnes inspirantes qui changent le monde !
Le guide des jobs à impact positif, édité par les Echos, très bien fait.
Et vous, qu'en pensez-vous ? Avez-vous envie de changer le monde par votre travail ? 😉
J'ai hâte de lire vos réactions à ce sujet !